PAGE 143 : 24 DECEMBRE

" MARIE LE COUCHA DANS UNE MANGEOIRE" Lc 2,7

JÉSUS !
DIEU SAUVE !
EST DÉPOSE ET ACCUEILLI
DANS UNE MANGEOIRE !

LE BŒUF, RUMINE !
IL N'A JAMAIS VU CELA !
A PEINE TOURNE-T-IL LA TÈTE !

L'ÂNE, REGARDE ! ÉBAHI !

IL SECOUE SES OREILLES,

PAR HABITUDE !

IL NE SAIT QUELLE ATTITUDE PRENDRE !
C'EST TELLEMENT INATTENDU :
UN ENFANT ! DANS UNE MANGEOIRE !
UN ENFANT, COMME TOUS LES ENFANTS !

AH! PARDON ! PAS TOUT-A-FAIT !
SA MAMAN, A GENOUX, JOINT LES MAINS !
ELLE SEMBLE ADORER !
LE MONSIEUR, SON PAPA SANS DOUTE, S'INCLINE !
PAS DE PAROLE !
SI, LUI, MAIS ON NE LE SAIT PAS ENCORE !
L'ENFANT RÉPAND UNE DOUCE LUMIÈRE !
IL Y A COMME UN MYSTÈRE !


"DIEU! QU'IL EST BEAU !
IL VIENDRAIT DU CIEL, CELUI-LA,
QUE JE N'EN SERAIS PAS SURPRIS !"
MURMURE L'ÂNE DANS SA TÈTE
QU'ON DIT MAL FAITE !
- C'EST POURTANT BEAU UN ÂNE,
ET TELLEMENT DOUX !-
LES DEUX POIDS LOURDS,
DE CETTE BURLESQUE SCÈNE,
COMMENCENT A BOUGER :
UNE PATTE, L'AUTRE,
L'ÂNE SECOUE L'OREILLE,
LE BŒUF MÂCHONNE LE DERNIER BRIN DE PAILLE !
A MOITIE SOMNOLENTS,
L'UN ET L'AUTRE,
PRENNENT APPUI SUR LEUR AVANT,
SOULÈVENT LEUR ARRIÈRE !
UN ! DEUX ! TROIS ! ET HOP !
LES VOILA EN TENUE DE SERVICE !

ILS NE PEUVENT PAS REGARDER SANS RIEN FAIRE, ALLONS !

LE SOUCI DE CETTE MAMAN,
DIFFÉRENTE DES AUTRES
PAR UN QUELQUE CHOSE D'INDÉFINISSABLE,
C'EST DE VEILLER A UN MINIMUM DE CONFORT
POUR CET ENFANT,
DANS CE MAXIMUM D'INCONFORT !
D'UN MÊME ÉLAN,
SANS AUTRE CONCERTATION QU'UNE ŒILLADE,
DÉBORDANTE DE TENDRESSE,
NOS DEUX COMPÈRES,
TOUT EN DOUCEUR,
SOUFFLENT ET SOUFFLENT ENCORE
POUR REPOSER SA MAMAN
ET RÉCHAUFFER L'ATMOSPHÈRE.
QUAND, SOUDAIN,
RÉSONNE UNE MUSIQUE VENUE D'AILLEURS :
GLOIRE A DIEU ! PAIX AUX HOMMES !
JOIE DU CIEL SUR LA TERRE !
EN UN INSTANT, C'EST LA COHUE !
UN MONDE DE PETITES GENS ACCOURT,
DES ENFANTS, DES BERGERS,
DES AGNEAUX,
TOUT CE QUI EST PLUS PETIT QUE !
MAIS JAMAIS AUSSI PETIT
QUE CE PETIT QUI LES ACCUEILLE !

OUI, GLOIRE A DIEU !

PAIX SUR LA TERRE AUX HOMMES QU'IL AIME !

L'ermite