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lundi 7 avril 2008

Page 7 LA PAQUES D'UN SAINT RELIGIEUX et PRETRE

TEMOIGNAGE :

« Le P.LEFRANC s’est éteint » c’est par ces mots qu’une religieuse de la Maison de Retraite où il séjournait depuis dix mois, m’a fait part de « son passage sur l’autre rive ». Quand il a été conduit dans cette Maison médicalisée, il m’a écrit textuellement :

Cantaous, jeudi 24 mai 2007.

Oui, Tout est grâce de miséricord
Le Dieu de tendresse soit loué !
Je suis en Maison de Retraite ;
le lit gardé, chaque nuit, par deux barrières !
Confié très fort à ta …à votre prière par Notre Dame.
Je t’embrasse de tout cœur, dans le Seigneur
Henri L. m.i.c.

Le P.Lefranc a tout donné, quand je l’ai rencontré pour la dernière fois en août 2007, il était devenu dépendant mais il restait pleinement présent. Ce cher Père me rappelait notre première rencontre, et continuait de s’intéresser à tout ce qui faisait ma vie. Nous avons passé plusieurs heures ensemble, je ne comprenais pas tout, tant il était affaibli et je le regrettais vraiment.. Il avait 92 ans et toujours ce regard de feu, cette ardeur apostolique, cette joie intérieure qui transparait sur son visage. Du Père accompagnateur, il est devenu, l’ami, le frère, il m’avait proposé de l’appeler par son prénom, je n’ai jamais cédé à cette éventualité, pour moi, il restait l’éclaireur, j’avais, pour lui, un immense respect, une incomparable admiration, ceci ne diminuait en rien ni la confiance, ni la proximité, ni l’affection devenue fraternelle.

Toi seul Tu es.
Je ne suis que devant Toi.
Ma vocation est de Te regarder dans les choses,
de devenir Ton Regard dans les choses.
Tous les attentifs sont mes maîtres et mes frères,
qui m’enseignent à voir une parole cachée.
Entrer dans la communion des attentifs
Ils sont lents et fulgurants, attentifs et paisibles.
Pierre Emmanuel
Le Père Henri LEFRANC était de cette veine : un homme de feu. Nous nous sommes rencontrés, à Lourdes. J’avais 19/20 ans ! Sa flamme, son regard, sa poignée de main, son sourire paisible m’ont saisie dès notre première rencontre. Seule, son entrée à LA MAISON du PERE, le jour de la fête de la Miséricorde, (un clin d’œil du Seigneur), interrompt cette fidélité réciproque. Est-ce qu’elle l’interrompt d’ailleurs ? Je l’affirme avec conviction, rien ne peut l’interrompre, je sais qu’il reste et restera ce reflet de la lumière de Dieu dans ma vie et qu’il continuera à m’attirer vers les cimes qu’il chérissait tant ! Il était un amoureux de la montagne, au propre et au figuré, un buisson ardent ! Je tiens à rendre hommage à ce religieux, hors du commun : ce fou de Dieu, ce cœur brûlant qui, dans son humilité, ne cessait d’en appeler à la Miséricorde du Seigneur.
Je peux partager certains moments forts aujourd’hui, et je suis certaine qu’il se penche par un hublot du ciel, avec ce sourire d’enfant débordant d’amour, ce regard plein de gentille malice pour me dire :
« tu en profites, tu sais que je ne peux te reprendre, je ne peux qu’adorer maintenant, tais-toi, tais-toi ! »
Je ne me serai jamais permis de partager cela alors qu’il marchait encore sur la route des hommes, par discrétion, par respect aussi, pour ne pas lui nuire. Tant d’interprétations peuvent détruire la beauté d’un cœur tout à Dieu.

Je vous partagerai quatre faits concrets qui révèlent la grandeur de son âme :
- C’était encore l’époque des « confessionnaux placards », je revenais d’un camp où j’avais fait des excès à bicyclette, je souffrais des genoux. Je lui ai demandé le sacrement du pardon, ( pas pour les genoux, évidemment) cela se passait dans un petit bureau de la basilique du Rosaire, où il assurait une permanence, bureau fermé, ou ouvert comme on veut, par une grande porte entièrement vitrée. Il ne pouvait, sans choquer, entendre ma confession en dehors du « placard ». Il m’a installée à la place du ministre du sacrement pour m’éviter l’agenouillement prolongé, et s’est agenouillé à la place du pénitent pour recevoir ma confession. Semblable geste ne s’oublie pas ! Au-delà du geste il y a ce qui l’habite. J’avais les larmes aux yeux ! J’ai fait là une expérience incommensurable de l’amour d’un Dieu qui se met à genoux, non seulement pour nous laver les pieds, mais pour nous offrir son pardon, sa Miséricorde. Ce cher Père renouvellera ce geste une seconde fois

- Un jour, je suis venue lui partager mon trouble, j’étais déstabilisée par les propos d’un jeune P. Dominicain, qui s’était permis de tourner en dérision les évènements de la Grotte, « Vas, me dit-il, te plonger trois jours de suite dans la piscine, Marie fera le reste ».(Il était le supérieur des chapelains des sanctuaires et prêtre de la Congrégation de l’Immaculée Conception) Je suis allée, trois jours de suite, me baigner à la piscine, j’en suis revenue profondément pacifiée, plus rien ne pouvait ébranler ma foi dans tout ce qui se vit là !
- Face à toutes les controverses par lesquelles mes amis voulaient me dissuader de rentrer dans la vie contemplative, je restais perplexe et ne trouvais aucune famille religieuse susceptible de de répondre à mes attentes. Respectueux, ô combien, - il n’exercera JAMAIS la moindre pression,- infiniment respectueux de ma liberté, il me suggère alors, une aventure peu banale, à savoir : aller, sur place, consulter chacune des Congrégations contemplatives ou mixtes (contemplatives apostoliques) qui se trouvent à Lourdes, où je séjournais ! Une seule continuait de m’ouvrir sa porte et son cœur, les sœurs clarisses de Lourdes ! J’ai craint qu’il y ait là un ersatz de complaisance, le P. Lefranc étant leur confesseur, la suite, vous la connaissez ! Vérité et liberté étaient depuis l’enfance, mes deux piliers privilégiés et les deux orientations fortes dans lesquelles j’ai été élevée, avec le souci du petit, du faible, du laissé pour compte.

- Quand nous nous rencontrions, très souvent à Lourdes, il se réservait pour célébrer l’Eucharistie pour moi et avec moi. Dans la basilique, on trouve de nombreux petits autels latéraux, qui permettent, aux prêtres de passage, de célébrer dans ce lieu béni. Le Père, connaissait très bien les lieux et retenait l’autel le plus éloigné du bruit et des passages. C’est là qu’il célébrait, m’associant autant qu’il était possible, au mystère que nous vivions. Le rite du pardon devenait un sacrement dans le sacrement ; le mémento des vivants un moment extraordinaire où nous associons tous ceux que nous portions dans notre cœur ; la consécration, un moment indicible de contemplation, entraînée que j’étais par sa transformation, il était en Dieu, le mémento des défunts, un temps où nous présentions tous ceux qui nous avaient précédés et entrainés sur le chemin de la foi, sans oublier les apparemment boiteux, le Notre Père éloignait de mon esprit tout ce qui aurait pu établir une distance entre lui et moi – nous étions vraiment frère et sœur – quant à la communion il m’entraînait dans un temps de silence d’où il savait me tirer en m’interrogeant sur ce qui m’habitait à ce moment précis ! Il est inutile de parler de la bénédiction qu’il appelait ensuite et de la prière à Marie qui concluait ce long temps de communion, un temps où je goûtais le divin avant de repartir sur les routes humaines.

Pour moi, le P. Lefranc est un saint (il doit piaffer dans la Maison du Père et, maintenant, il ne peut me dire « tais-toi ! »). Certes, je prie pour qu’il soit pleinement heureux en Dieu, mais je le prie surtout et suggère à des amis qui ont besoin d’aide, de le prier également. Je suis tranquille, il ne manquera pas d’attirer, s’il en est besoin, l’attention du Seigneur sur tel de ses enfants en attente d’une bénédiction particulière. Je le soupçonne même, lui, si discret, d’aller importuner Notre Père commun, pour qu’Il ne se fasse pas trop tirer l’oreille. D’ailleurs, il sait par qui passer, il sait que Marie a dit oui pour permettre au Père de nous parler en direct, c’est donc par Marie, comme il le faisait ici-bas qu’il confiera ses, nos commissions. Il sait, d’expérience, que le Père, pas plus que le Fils et l’Esprit, ne peuvent rien, vraiment rien, refuser à Marie ! Notre Père pourrait-il dire NON à celle qui Lui a dit OUI ?

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